lundi 31 mai 2010

La loi et l'ordre

L'autre jour, je ne sais plus lequel, Georgie et moi étions à la recherche d'une voie d'accès vers une quebrada près de laquelle un possible ancien site de traitement de minerai nous avait été signalé. Triple V, étant malade, ne nous accompagnait pas ce matin-là. Cette partie-là de la vallée est largement cultivée par de grosses compagnies maraîchères et vinicoles, très jalouses de leurs procédés, ceintrées de murs ou de haies en piquants, impénétrables et opaques. Fait cocasse illustrant la culture corporative des "grandes", une compagnie qui a ses locaux près de ses champs doit faire passer l'électricité, à ses frais, depuis le réseau municipal. La compagnie voisine, qui possède des installations de l'autre côté de la route, doit également fait passer l'électricité depuis le réseau jusqu'à ceux-ci. Donc on a une route de garnotte avec deux, oui deux, séries de poteaux et de fils électriques, de chaque côté, menant à des bâtiments adjacents. Bel exemple de collaboration (insérer un émoticon qui illustre le sarcasme – genre un bonhomme sourire qui sourit pas mais qui roule ses yeux).

OK. Finalement Georgie et moi on emmène le pickup sur une route empruntée par des camions qui charrient du minerai depuis une mine (moderne). Devant l'impossibilité de s'approcher davantage du spot que notre insistant GPS nous indiquait, on a décidé de laisser le camion pas très loin de la piste dans un désert de grosse rocaille et de marcher le reste. C'était nuageux ce matin-là alors me disant qu'on serait partis ¾ d'heure – une heure, je suis parti sans mon chapeau. On a été partis 5 heures. Le soleil, aussi lourd qu'à son habitude, est sorti après une demie heure de marche. Je ne dirai plus rien sur ce sujet.

Je vous épargne donc les détails de ces 5 heures, pour fast-forwarder au moment de notre retour.

Nous étions à re-traverser les kilomètres de roche qui nous séparaient de la camionnette. D'un minuscule point blanc elle est passée à une vague forme de camion en Légo, à une réelle forme de véhicule nous confirmant que c'est bien notre camionnette et qu'elle est toujours où nous l'avions laissée, ondulant nerveusement sur le sol pierreux et brûlant, à chaque pas une forme de plus en plus définie et rassurante..... avec deux individus rôdant autour. WTF? Hay alguien cerca a la camioneta, nous dîmes-t-on, inquiets. ("dîmes"? Vraiment?)

En s'approchant je réalise qu'il s'agit de policiers. Wôôôh. La police des régions. Imprévisible.

Même si on est crevés, on accélère le pas. Inquiets (je l'ai déjà dit, mais ça vaut la peine de le redire, même si ce n'est que pour souligner que le fait que ça a ait été des policiers n'a qu'un tout petit peu apaisé cette inquiétude).

La moto des policiers est garée près du truck. Un des policiers (je présume que c'est le chef parce que c'est celui avec un casque) s'avance vers nous alors qu'on est à environ 100 mètres. Il nous tend la main (bon signe). Caballeros, Buenas tardes! (vraiment bon signe).

Il nous explique qu'ils ont reçu une coup de fil ce matin-là, sûrement d'un employé de la mine, disant qu'un pickup avait été abandonné dans le désert. Ça, en général, ça veut dire qu'il est volé et a été utilisée pour un coup quelconque avant d'être dompé quelque part. Mais comme on est dans une zone où il y a plusieurs anciennes mines, avec des galeries souvent presque verticales, très étroites et très profondes, ces coups-là impliquent parfois se débarrasser d'un truc encombrant. Genre un corps. D'où la vigilance des employés de la mine. Du bon monde.

Avant de sortir, le matin, comme c'était assez passant en comparaison avec les endroits où on se stationne souvent, j'ai eu l'instinct d'écrire sur une feuille de papier « I.N.C. Estudios Arqueologicos » et de la mettre dans le pare-brise. En rétrospect, ça nous a sauvé un remorquage en plein désert.

Comme les policiers étaient plutôt gentils – même s'ils nous ont un peu chicanés parce qu'on se tient dans des mines abandonnées et que ces lieux-là sont mal fréquentés - et parce qu'on n'est jamais trop prudent, on a offert un lift à celui qui n'avait pas de casque. Pendant quelques instant on avait un escorte policière: motocyclette en avant en policier sur la banquette arrière. Mon humble flirt avec le statut VIP.

En bonus, nos nouveaux amis nous ont promis de venir nous chercher eux-même le jour où, après une journée de prospection, on trouvera la camionnette jackée sur des roches avec pu de roues.....

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